Entreson départ de Paris-gare du Nord en août 1914 et sa mort dans une tranchée du Bois des Caures en juillet 1915, Alexandre JACQUEAU n'aura jamais revu sa femme ni ses deux enfants. Sachant lire et écrire, il eut toutefois le privilÚge de pouvoir échanger des lettres avec sa femme.
Le 31 aoĂ»t 1916, Albert LEMORE de Saint-Rimay Loir-et-Cher fait Ă  son Ă©pouse “Fanie” un rĂ©cit dĂ©taillĂ© d’un combat de la bataille de Verdun auquel il vient de participer “Ma ChĂšre Fanie, je vais te raconter nos misĂšres et je profite d’un moment oĂč nous sommes un peu tranquilles. Nous sommes donc partis d’Haudainville le 25 au soir et arrivĂ©s avec beaucoup de peines vers deux heures du matin le 26 Ă  notre emplacement. En arrivant nous n’avions pour tout que des trous d’obus pour nous cacher. J’ai oubliĂ© de te dire que nous sommes un peu Ă  droite de Fleury et dans un bois oĂč il ne reste que les ruines en l’air en face le Fort de Vaux. Je crois que l’endroit s’appelle Vaux Chapitre. Je te disais donc que nous n’avions que des trous d’obus pour nous abriter, nous nous sommes donc mis Ă  travailler pour nous creuser quelques abris. Nous Ă©tions tout le rĂ©giment, c’est-Ă -dire trois bataillons, le mien c’est le 5Ăšme, le bombardement a commencĂ© vers neuf heures et lĂ  il a fallu nous cacher dans nos trous car comme je t’avais dit nous savions que l’on nous faisait attaquer ce qui Ă©tait loin de nous plaire et quand nos artilleurs ont commencĂ© Ă  tirer les boches n’ont pas Ă©tĂ© paresseux ils avaient de quoi rĂ©pondre Jusqu’à cinq heures du soir notre artillerie n’a cessĂ© de tonner c’était lĂ  l’heure de l’attaque. Deux compagnies par bataillon devaient attaquer et la troisiĂšme de soutien. C’était chez nous la 17 et 18 et nous nous Ă©tions en arriĂšre mais pas de beaucoup 50 Ă  soixante mĂštres. A l’heure de sortir, c’est-Ă -dire dĂšs que les boches ont aperçu les premiers hommes français ils ont redoublĂ© de croissance leurs bombardements, les fusils et mitrailleuses se sont mis en marche et les quelques courageux qui Ă©taient montĂ©s les premiers sont tombĂ©s de suite les autres plus prudents ne sont pas sortis l’attaque a donc Ă©chouĂ© complĂštement. On devait nous faire remettre ça le lendemain Ă  la 19Ăšme mais lĂ  pas un n’aurait sorti de son trou, mais comme les pertes Ă©taient dĂ©jĂ  trĂšs Ă©levĂ©es et en plus que toute la nuit nous avions souffert du bombardement et de la pluie qui tombait Ă  flots il y a heureusement eu contre ordre, mais le 28 ça Ă©tĂ© le tour aux boches aprĂšs nous avoir bombardĂ©s violemment ils ont essayĂ© une premiĂšre attaque vers huit heures et une seconde une heure plus tard eux aussi sont tombĂ©s sur un manche et n’ont pu sortir. Le lendemain soir 29 nous avons encore cru Ă  une attaque ennemie mais elle n’a pas eu lieu. Ce matin Ă  huit heures ils ont recommencĂ© mais lĂ  encore ça s’est terminĂ© en peu de temps et ni nous ni eux ne pouvons avancer sous un pareil feu, c’est atroce et honteux de voir de pareilles choses. Comme pertes nous n’avons pas beaucoup de tuĂ©s mais encore que trop, quant aux blessĂ©s ils sont nombreux et tant mieux pour celui qui a la bonne blessure. Ce qui est le plus Ă  dĂ©plorer c’est que beaucoup sont tuĂ©s ou blessĂ©s par nos canons de 75 ce matin encore Ă  la compagnie il y a un tuĂ© et cinq blessĂ©s par notre artillerie. C’est cela qui nous dĂ©courage le plus de voir des camarades tomber par nous. Je ne te donnerai pas grands dĂ©tails sur les camarades du pays mais je crois qu’ils sont en bonne santĂ©. J’ai eu des nouvelles d’Edmond DOLBEAU le lendemain de l’attaque qu’il n’avait rien. Son caporal GRENET de Saint-Martin doit ĂȘtre blessĂ©. Je n’ai pas de nouvelles de RENIER ni de Louis FURET mais je crois qu’ils n’ont rien et quoi que nous avons peut-ĂȘtre encore plusieurs jours Ă  faire dans ce mauvais coin j’espĂšre m’en tirer sain et sauf 
 Enfin, depuis six jours ma pauvre femme il y a le tiers d’hommes blessĂ©s dans le rĂ©giment. Au revoir et Ă  demain. Je t’embrasse de tout cƓur ainsi que toute la famille. Albert LEMORE Ă©tait nĂ© le 18 juin 1877 Ă  Saint-Rimay, fils de RenĂ© et Marie ROUSSELET. Exerçant la profession de vigneron, il habitait au lieu-dit Villebazin Ă  Saint-Rimay. Ayant Ă©pousĂ© NoĂ©mie HUBERT, nommĂ©e Fanie dans sa lettre, il avait deux enfants RenĂ© nĂ© en 1906 et Albert nĂ© en 1910. Il avait Ă©tĂ© incorporĂ© le 3 aoĂ»t 1914 au 86Ăšme rĂ©giment d’infanterie territoriale. Il fut tuĂ© Ă  l’ennemi le 15 aoĂ»t 1918 Ă  Vic-sur-Aisne.
Lettresde femmes (court mĂ©trage), un film de | Synopsis : Sur le front de la Grande Guerre, l'infirmier Simon rĂ©pare chaque jour les gueules cassĂ©es des poilus avec des Vues 734 Lettre d’un poilu Ă  sa femme La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l’exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d’obtempĂ©rer. » Le 30 mai 1917 LĂ©onie chĂ©rie J’ai confiĂ© cette derniĂšre lettre Ă  des mains amies en espĂ©rant qu’elle t’arrive un jour afin que tu saches la vĂ©ritĂ© et parce que je veux aujourd’hui tĂ©moigner de l’horreur de cette guerre. Quand nous sommes arrivĂ©s ici, la plaine Ă©tait magnifique. Aujourd’hui, les rives de l’Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversĂ©e, brĂ»lĂ©e. Le paysage n’est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchĂ©es de premiĂšre ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelĂ©s, c’est la guerre des mines avec la perspective de sauter Ă  tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, Ă©paisse, collante dont il est impossible de se dĂ©barrasser. Les tranchĂ©es s’écroulent sous les obus et mettent Ă  jour des corps, des ossements et des crĂąnes, l’odeur est pestilentielle. Tout manque l’eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillĂ©s, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid Ă  cause de la longueur des boyaux Ă  parcourir. Nous n’avons mĂȘme plus de sĂšches pour nous rĂ©conforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous rĂ©chauffer. Nous partons au combat l’épingle Ă  chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffĂ©s d’un casque en tĂŽle d’acier lourd et incommode mais qui protĂšge des ricochets et encombrĂ©s de tout l’attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participĂ© Ă  des offensives Ă  outrance qui ont toutes Ă©chouĂ© sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissĂ© extĂ©nuĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s. Les malheureux estropiĂ©s que le monde va regarder d’un air dĂ©daigneux Ă  leur retour, auront-ils seulement droit Ă  la petite croix de guerre pour les dĂ©dommager d’un bras, d’une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaĂźt Ă  tous comme une infĂąme et inutile boucherie. Le 16 avril, le gĂ©nĂ©ral Nivelle a lancĂ© une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un Ă©chec, un dĂ©sastre ! Partout des morts ! Lorsque j’avançais les sentiments n’existaient plus, la peur, l’amour, plus rien n’avait de sens. Il importait juste d’aller de l’avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d’accĂšs boisĂ©es, Ă©taient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil Ă  l’épaule j’errais, la sueur dĂ©goulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausĂ©e. Un vrai charnier s’étendait Ă  mes pieds. J’ai descendu la butte en enjambant les corps dĂ©sarticulĂ©s, une haine terrible s’emparant de moi. Cet assaut a semĂ© le trouble chez tous les poilus et forcĂ© notre dĂ©sillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l’état major. Tous les combattants dĂ©sespĂšrent de l’existence, beaucoup ont dĂ©sertĂ© et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter Ă  dĂ©poser les armes. La semaine derniĂšre, le rĂ©giment entier n’a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchĂ©e, nous avons refusĂ© de continuer Ă  attaquer mais pas de dĂ©fendre. Alors, nos officiers ont Ă©tĂ© chargĂ©s de nous juger. J’ai Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l’exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d’obtempĂ©rer. En nous exĂ©cutant, nos supĂ©rieurs ont pour objectif d’aider les combattants Ă  retrouver le goĂ»t de l’obĂ©issance, je ne crois pas qu’ils y parviendront. Comprendras-tu LĂ©onie chĂ©rie que je ne suis pas coupable mais victime d’une justice expĂ©ditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliĂ©s de l’histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandĂ©s, Ă  l’aube, agenouillĂ© devant le peloton d’exĂ©cution. Je regrette tant ma LĂ©onie la douleur et la honte que ma triste fin va t’infliger. C’est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon dĂ©part au combat Ă©tait une si douce et si jolie folie mais aujourd’hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cƓur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire Ă  ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son pĂšre est tombĂ© en hĂ©ros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mĂ©moire des poilus fusillĂ©s pour l’exemple est rĂ©habilitĂ©e, mais je n’y crois guĂšre, alors seulement, et si tu le juges nĂ©cessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce LĂ©onie, lorsque le temps aura lissĂ© ta douleur, de ne pas renoncer Ă  ĂȘtre heureuse, de continuer Ă  sourire Ă  la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite Ă  toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous mĂ©ritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cƓur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravĂ©s dans ma mĂ©moire, seront mon dernier rĂ©confort avant la fin. EugĂšne ton mari qui t’aime tant Source Autrement-Vue
Deslettres qui passent la censure et dans lesquelles des Poilus racontent crĂ»ment leur guerre sont nombreuses. À titre d’exemples, les lettres de deux Rennais. Joseph AlestĂ© , sous-lieutenant au 41e R.I., a envoyĂ©, de l’Artois, de fĂ©vrier Ă  juin 1915, en moins de quatre mois, 1 tĂ©lĂ©gramme, 13 cartes et 26 lettres Ă  son Ă©pouse, soit en moyenne un courrier
Skip to content Vous n'ĂȘtes pas autorisĂ© Ă  visionner cette page. Merci de vous abonner Ă  l'1dex ou alors de vous connecter avec votre compte. Aufur et Ă  mesure de ses lectures, il comprend qu'il s'agit d'un soldat de la guerre 14-18, Jean Chapron, qui Ă©crivait Ă  sa femme Lili, et Ă  Je vous propose ici mon troisiĂšme chantier d'Ă©criture! Pour en savoir un peu plus sur la dĂ©marche de chantiers d'Ă©criture, c'est dans mon article ICI! Le projet ici est d'Ă©crire une lettre. Mais n'importe quelle lettre! Une lettre de poilu / une lettre pour un poilu! Le principe est celui d'un jeu de rĂŽle, chaque Ă©lĂšve va se voir attribuer une nouvelle identitĂ© grĂące aux cartes d'identitĂ© celle d'un poilu, ou celle d'un proche de poilu frĂšre, mĂšre, femme.... Chaque devra donc Ă©crire une lettre comme s'il vivait la guerre des tranchĂ©es, ou Ă  l'inverse pour remonter le moral de son poilu de mari/frĂšre/fils. Les Ă©lĂšves entrent rapidement dans le projet et s'identifient facilement. Plusieurs outils leurs sont proposĂ©s les almanachs d'Ă©poque pour choisir une "vraie" date pour dater sa lettre, des cartes postales d'Ă©poque... L'immersion dans la PremiĂšre Guerre Mondiale est totale! Vous comprenez aisĂ©ment que cette sĂ©quence doit ĂȘtre menĂ©e suite Ă  une sĂ©quence d'histoire sur la PremiĂšre Guerre Mondiale. Par ici les docs! Les documents pour l'enseignant Les cartes d'identitĂ© de poilus ou de proches de poilus Les documents Ă  vidĂ©oprojeter exemples de vraies lettres de poilus Les grilles de rĂ©fĂ©rence Les almanachs d'Ă©poque, pour choisir une "vraie" date pour dater sa lettre Les cartes postales d'Ă©poques Les lignes pour Ă©crire sa lettre avec une Ă©criture horizontale et prĂ©sentant correctement sa lettre Ondit souvent que ce n’est pas la taille du pĂ©nis qui compte. Pourtant, elle jouerait un rĂŽle dans l’attirance qu’ont les femmes
Ma chĂšre LĂ©onie chĂ©rie J’ai confiĂ© cette derniĂšre lettre Ă  des mains amies en espĂ©rant qu’elle t’arrive un jour afin que tu saches la vĂ©ritĂ© et parce que je veux aujourd’hui tĂ©moigner de l’horreur de cette guerre. Quand nous sommes arrivĂ©s ici, la plaine Ă©tait magnifique. Aujourd’hui, les rives de l’Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversĂ©e, brĂ»lĂ©e. Le paysage n’est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchĂ©es de premiĂšre ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelĂ©s, c’est la guerre des mines avec la perspective de sauter Ă  tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, Ă©paisse, collante dont il est impossible de se dĂ©barrasser. Les tranchĂ©es s’écroulent sous les obus et mettent Ă  jour des corps, des ossements et des crĂąnes, l’odeur est pestilentielle. Tout manque l’eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillĂ©s, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid Ă  cause de la longueur des boyaux Ă  parcourir. Nous n’avons mĂȘme plus de sĂšches pour nous rĂ©conforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous rĂ©chauffer. Nous partons au combat l’épingle Ă  chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffĂ©s d’un casque en tĂŽle d’acier lourd et incommode mais qui protĂšge des ricochets et encombrĂ©s de tout l’attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participĂ© Ă  des offensives Ă  outrance qui ont toutes Ă©chouĂ© sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissĂ© extĂ©nuĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s. Les malheureux estropiĂ©s que le monde va regarder d’un air dĂ©daigneux Ă  leur retour, auront-ils seulement droit Ă  la petite croix de guerre pour les dĂ©dommager d’un bras, d’une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaĂźt Ă  tous comme une infĂąme et inutile boucherie. Le 16 avril, le gĂ©nĂ©ral Nivellea lancĂ© une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un Ă©chec, un dĂ©sastre ! Partout des morts ! Lorsque j’avançais les sentiments n’existaient plus, la peur, l’amour, plus rien n’avait de sens. Il importait juste d’aller de l’avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d’accĂšs boisĂ©es, Ă©taient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil Ă  l’épaule j’errais, la sueur dĂ©goulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausĂ©e. Un vrai charnier s’étendait Ă  mes pieds. J’ai descendu la butte en enjambant les corps dĂ©sarticulĂ©s, une haine terrible s’emparant de moi. Cet assaut a semĂ© le trouble chez tous les poilus et forcĂ© notre dĂ©sillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l’état major. Tous les combattants dĂ©sespĂšrent de l’existence, beaucoup ont dĂ©sertĂ© et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter Ă  dĂ©poser les semaine derniĂšre, le rĂ©giment entier n’a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchĂ©e, nous avons refusĂ© de continuer Ă  attaquer mais pas de dĂ©fendre. Alors, nos officiers ont Ă©tĂ© chargĂ©s de nous juger. J’ai Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© demain pour l’exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d’obtempĂ©rer. En nous exĂ©cutant, nos supĂ©rieurs ont pour objectif d’aider les combattants Ă  retrouver le goĂ»t de l’obĂ©issance, je ne crois pas qu’ils y parviendront. Comprendras-tu LĂ©onie chĂ©rie que je ne suis pas coupable mais victime d’une justice expĂ©ditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliĂ©s de l’histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandĂ©s, Ă  l’aube, agenouillĂ© devant le peloton d’exĂ©cution. Je regrette tant ma LĂ©onie la douleur et la honte que ma triste fin va t’ si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon dĂ©part au combat Ă©tait une si douce et si jolie folie mais aujourd’hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cƓur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire Ă  ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son pĂšre est tombĂ© en hĂ©ros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mĂ©moire des poilus fusillĂ©s pour l’exemple est rĂ©habilitĂ©e, mais je n’y crois guĂšre, alors seulement, et si tu le juges nĂ©cessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce LĂ©onie, lorsque le temps aura lissĂ© ta douleur, de ne pas renoncer Ă  ĂȘtre heureuse, de continuer Ă  sourire Ă  la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite Ă  toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous mĂ©ritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cƓur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravĂ©s dans ma mĂ©moire, seront mon dernier rĂ©confort avant la fin. EugĂšne ton mari qui t’aime tant

Monpapa en guerre : Lettres de poilus, mots d'enfants 1914-1918 de Guéno, Jean-Pierre et d'autres livres, articles d'art et de collection similaires disponibles sur AbeBooks.fr.

ï»ż"La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempĂ©rer."Le 30 mai 1917LĂ©onie chĂ©rie,J'ai confiĂ© cette derniĂšre lettre Ă  des mains amies en espĂ©rant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vĂ©ritĂ© et parce que je veux aujourd'hui tĂ©moigner de l'horreur de cette nous sommes arrivĂ©s ici, la plaine Ă©tait magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversĂ©e, brĂ»lĂ©e. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchĂ©es de premiĂšre ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelĂ©s, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter Ă  tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, Ă©paisse, collante dont il est impossible de se dĂ©barrasser. Les tranchĂ©es s'Ă©croulent sous les obus et mettent Ă  jour des corps, des ossements et des crĂąnes, l'odeur est manque l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillĂ©s, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid Ă  cause de la longueur des boyaux Ă  parcourir. Nous n'avons mĂȘme plus de sĂšches pour nous rĂ©conforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous partons au combat l'Ă©pingle Ă  chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffĂ©s d'un casque en tĂŽle d'acier lourd et incommode mais qui protĂšge des ricochets et encombrĂ©s de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participĂ© Ă  des offensives Ă  outrance qui ont toutes Ă©chouĂ© sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissĂ© extĂ©nuĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s. Les malheureux estropiĂ©s que le monde va regarder d'un air dĂ©daigneux Ă  leur retour, auront-ils seulement droit Ă  la petite croix de guerre pour les dĂ©dommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaĂźt Ă  tous comme une infĂąme et inutile 16 avril, le gĂ©nĂ©ral Nivelle a lancĂ© une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un Ă©chec, un dĂ©sastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accĂšs boisĂ©es, Ă©taient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil Ă  l'Ă©paule j'errais, la sueur dĂ©goulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausĂ©e. Un vrai charnier s'Ă©tendait Ă  mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps dĂ©sarticulĂ©s, une haine terrible s'emparant de assaut a semĂ© le trouble chez tous les poilus et forcĂ© notre dĂ©sillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'Ă©tat major. Tous les combattants dĂ©sespĂšrent de l'existence, beaucoup ont dĂ©sertĂ© et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter Ă  dĂ©poser les armes. La semaine derniĂšre, le rĂ©giment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchĂ©e, nous avons refusĂ© de continuer Ă  attaquer mais pas de nos officiers ont Ă©tĂ© chargĂ©s de nous juger. J'ai Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempĂ©rer. En nous exĂ©cutant, nos supĂ©rieurs ont pour objectif d'aider les combattants Ă  retrouver le goĂ»t de l'obĂ©issance, je ne crois pas qu'ils y LĂ©onie chĂ©rie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expĂ©ditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliĂ©s de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandĂ©s, Ă  l'aube, agenouillĂ© devant le peloton d'exĂ©cution. Je regrette tant ma LĂ©onie la douleur et la honte que ma triste fin va t' si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon dĂ©part au combat Ă©tait une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cƓur. Je vous demande pardon mes anges de vous mon amour de taire Ă  ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son pĂšre est tombĂ© en hĂ©ros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mĂ©moire des poilus fusillĂ©s pour l'exemple est rĂ©habilitĂ©e, mais je n'y crois guĂšre, alors seulement, et si tu le juges nĂ©cessaire, montre-lui cette doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous aussi ma douce LĂ©onie, lorsque le temps aura lissĂ© ta douleur, de ne pas renoncer Ă  ĂȘtre heureuse, de continuer Ă  sourire Ă  la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite Ă  toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous mĂ©ritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cƓur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravĂ©s dans ma mĂ©moire, seront mon dernier rĂ©confort avant la ton mari qui t'aime tant.publiĂ©e par LR Leucart sur Facebook

Sil te plaßt, envoie-moi dans une lettre un petit morceau de peigne. Lettres de la Wehrmacht, traduites, présentées et annotées par Marie Moutier, avec la participation de Fanny Chassain

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Plus de 4 millions subirent des blessures graves ...Mon avis touchant, bouleversant. Les soldats dĂ©crivent le quotidien de la guerre avec un sang froid extraordinaire. Certaines descriptions sont Ă  peine croyables. Je le conseille vraiment, ces mots ont Ă©tĂ© Ă©crits dans la boue et l'horreur mais ils n'ont pas vieilli d'un jour. Brume crĂ©pusculaireMadame TotoroNombre de messages 521Age 43Localisation entre les rĂȘves et l'Ă©cume des vaguesDate d'inscription 26/12/2005Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1545 Oui, je confirme, bouleversantes ces lettres ...Il y a quelques annĂ©es j'avais bossĂ© sur quelques lettres avec mes CM2 ... J'avoue que c'est une des seules leçon d'histoire qui l'ait intĂ©ressĂ©s ... j'avais choisi quelques lettres bien poignantes, deux d'entre elles les avaient interpellĂ© l'Ă©pisode oĂč les allemands tuent tous les blessĂ©s d'un hĂŽpital et les infirmiĂšres et un autre oĂč des soldats français sauvent des blessĂ©s allemands ... jujugStagiaire en bibliothĂšqueNombre de messages 57Localisation Saint Brice sous forĂȘt 95Date d'inscription 01/02/2006Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1548 Citation Les soldats dĂ©crivent le quotidien de la guerre avec un sang froid extraordinaire. Certaines descriptions sont Ă  peine croyables. Je le conseille vraiment, ces mots ont Ă©tĂ© Ă©crits dans la boue et l'horreur mais ils n'ont pas vieilli d'un jour. Je suis assez d'accord pour dire que cet ouvrage fait vivre largement mieux le thĂšme de la guerre 14-18 que tout autre ouvrage historique, ou du moins qu'il est un prĂ©alable indispensable si l'on veut un minimum comprendre la pĂ©riode. D'ailleurs, je m'en sers systĂ©matiquement dĂšs que j'aborde ce thĂšme en contre parler de sang-froid dans ce cas me paraĂźt inadaptĂ© la peur, le dĂ©couragement, la lassitude, le dĂ©sespoir, l'horreur des combats transparaissent dans chaque tĂ©moignage, certains s'adressent vraiment Ă  notre ressenti, et s'il s'agisait de rĂ©daction de sang-froid, les textes seraient bien plus aseptisĂ©s. Dans la mĂȘme collection et sur un thĂšme diffĂ©rent, il y a Ă©galement '"paroles d'Ă©toiles" tĂ©moignages cinquante ans aprĂšs d'enfants juifs cachĂ©s pour Ă©viter les rafles pendant la seconde guerre mondiale. Ce n'est pas du tĂ©moignage Ă  chaud comme pour les poilus mais c'est Ă©mouvant Ă©galement. jonkalakDouble daddyNombre de messages 2435Age 45Localisation Planet earthDate d'inscription 25/11/2004Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Ven 17 Nov 2006 - 1552 Je n'ai pas lu ce livre mais une petite intervention pour vous parler d'un projet trĂšs intĂ©ressant autour de ces Ă©ditions Soleil et France Inter ont entrepris d'adapter ces lettres au format BD. 20 lettres parmis les plus intĂ©ressantes ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es et confiĂ©es Ă  20 auteurs contemporains de bande dessinĂ©es pour une mise en le rĂ©sultat entre les mains et je ne manquerais pas de vous en parler quand je l'aurais en feuilletant un petit peu c'est dĂ©jĂ  pas lettre est accompagnĂ©e d'un petit texte parlant de son auteur avec mĂȘme des photos parfois. Suit la mise en tout est vendu 14€95 pour un album de 160 pages c'est pas si cher .Plus d'info ici avec en particulier la couverture et une planche. shenzyPrincesse aux petits de messages 3741Age 32Localisation somewhere over the rainbow...Date d'inscription 04/11/2004Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Mar 21 Nov 2006 - 2250 Je me disais bien qu'on en avait dejĂ  parlĂ© de poilus. Citation Par contre parler de sang-froid dans ce cas me paraĂźt inadaptĂ© la peur, le dĂ©couragement, la lassitude, le dĂ©sespoir, l'horreur des combats transparaissent dans chaque tĂ©moignage, certains s'adressent vraiment Ă  notre ressenti, et s'il s'agisait de rĂ©daction de sang-froid, les textes seraient bien plus aseptisĂ©s Je suis tout a fait d'accord avec toi, je n'y ai pas ressenti "un sang" froid mais une realitĂ© exposĂ© dans l'urgence. Un temoignage par moment qui ressemble a un dernier cri afin qu'on ne les oublie pas un peu comme les otages d'un avions qui ecrivent vite un dernier mot a leurs familles voyant le crash arriver a grand pas. Certains plien d'espoirs tentent de profiler un futur, d'autres n'y croient plus et puis l'expression de leurs douleurs, leurs desespoirs, leurs espoirs, et tout ce que la guerre a de plus horrible m'a profondement bouleversĂ©. C'est d'autant plus difficile a imaginer que nous n'avons pas connu la guerre et notre connaissance est celle de film ou de peu comme dans le journal d'Anne Franck, ces lettres etant veridiques nous plongent dans ce qu'a du etre l'horreur de ces hommes et imaginer en plus leurs familles les lire et souffrir avec eux est encore plus avoir Ă©tudiĂ© la condition des femmes dans tous les temps et dans tous les pays, je suis arrivĂ© Ă  la conclusion qu'au lieu de leur dire bonjour, on devrait leur dire pardon"Alfred de Vigny Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Page 1 sur 1 Sujets similaires» Paroles de poilus - Lettres et Carnets du front 1914-1918» Une aventure rocambolesque de..., de Manu Larcenet» Les carnets du Major Thomson de Pierre Daninos» Lettres anglaises - Olivier Barrot Bernard Rapp» Les lettres de mon moulin- Alphonse DaudetPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumLe Forum Des Lecteurs Forum Livre LittĂ©rature gĂ©nĂ©rale classification par genres Culture gĂ©nĂ©raleSauter vers

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