CĂ©tait quand la derniĂšre fois ? Josette Discazeaux 22 novembre 2018 Ă 10h57min. VoilĂ la question que se posent les protagonistes de cette piĂšce de lâauteur Emmanuel Robert-Espalieu qui aurait pu sâintituler aussi, « chronique dâune mort annoncĂ©e ». Dans un dĂ©cor trĂšs annĂ©es 70, tout en turquoise et vermillon avec quelques
De Watatatow Ă Victor Lessard, de Macaroni tout garni aux Pays dâen haut, en 20 ans de carriĂšre, Julie a tout jouĂ© et en a fait du chemin, sur scĂšne comme Ă lâĂ©cran, grand ou petit. Et maintenant, elle-mĂȘme le dit, câest lâheure de sa consĂ©cration. Photo AndrĂ©anne Gauthier Dans une salle au sous-sol du Théùtre du Nouveau Monde, une dizaine de personnes attendent, assises devant une longue table en V. Ce sont les gagnants dâun concours pour assister Ă la lecture par les comĂ©diens dâune crĂ©ation signĂ©e Michel Marc Bouchard. Câest exceptionnel. Normalement, le public dĂ©couvre la piĂšce aprĂšs des mois de rĂ©pĂ©titions en vase clos. Aujourdâhui, il verra de trĂšs prĂšs les artistes au boulot, alors quâen ce samedi gris sâenclenche le processus qui culminera des semaines plus tard, le soir de la premiĂšre en prĂ©sence de 750 spectateurs. Tiens, voici quâentre Julie Le Breton en habit de travail blouse blanche, jean bleu, manuscrit surlignĂ© en main, air gĂȘnĂ©. Jâavais peur que les gens trouvent ça plate et long, me dira-t-elle une fois lâexercice terminĂ©. Entendre du théùtre lu demande une concentration particuliĂšre⊠» Dans la salle, son arrivĂ©e cause un lĂ©ger frisson. Elle Ă©tait tellement bonne dans Les beaux malaises », chuchote ma voisine Ă sa copine, qui opine du bonnet. Casquette vissĂ©e sur la tĂȘte, Ăric Bruneau et Patrick Hivon prĂ©cĂšdent de peu une Magalie LĂ©pine-Blondeau discrĂšte avec ses lunettes et ses cheveux tirĂ©s. Puis, lâauteur paraĂźt, sur les talons du metteur en scĂšne Serge Denoncourt. Toute la distribution de La nuit oĂč Laurier Gaudreault sâest rĂ©veillĂ© sâassoit derriĂšre la table et nous fait face, composant une image qui Ă©voque la derniĂšre CĂšne, avec Michel Marc au centre Ă la place du Christ. Denoncourt, un brin baveux, lance quelques mots de bienvenue Vous trouvez ça bizarre dâĂȘtre lĂ ? Ben nous aussi! » Enfin, la lecture dĂ©marre avec Julie, qui tient le rĂŽle principal, celui de Mireille Enfant, je souffrais dâinsomnie chronique⊠» Embaumeuse Ă la carriĂšre florissante, Mireille est de retour dans son Lac-Saint-Jean natal aprĂšs 10 ans dâabsence pour sâoccuper » de la dĂ©pouille de sa mĂšre. Michel Marc Bouchard, dont lâĆuvre Les Feluettes, Tom Ă la ferme⊠est montĂ©e partout, de Tokyo Ă Chicago, cherchait pour lâincarner une actrice dĂ©but quarantaine qui pouvait jouer une introvertie, explique-t-il. Je voulais aussi quelquâun de racĂ© qui pouvait reprĂ©senter une certaine classe. Câest Serge qui mâa parlĂ© de Julie. » Le dramaturge avait vu la comĂ©dienne sur scĂšne, au cinĂ©ma et Ă la tĂ©lĂ©vision, mais ne la connaissait que de rĂ©putation. Cette fille peut tout jouer, nâa pas dâinhibitions et est toujours prĂȘte Ă se jeter Ă lâeau. » Il lui a Ă©crit. CâĂ©tait il y a prĂšs de trois ans. Quand jâai lu que Michel Marc mâoffrait Mireille, jâai pleurĂ©. Pour moi, ça ressemblait Ă une consĂ©cration. Il est lâun de nos plus grands auteurs, de la trempe de Michel Tremblay et de Robert Lepage. Câest un gage de confiance Ă©norme, et tu veux ĂȘtre Ă la hauteur », me raconte Julie deux jours plus tard, en tĂȘte Ă tĂȘte dans un restaurant montrĂ©alais. Pour se prĂ©parer, la comĂ©dienne a rencontrĂ© une embaumeuse. Il y avait le corps dâune dame dans une salle, mais il aurait fallu demander la permission Ă la famille pour le voir. » Déçue, elle a toutefois fait le plein de connaissances sur la thanatopraxie. Savais-tu que, quand ils vident le sang, ça sâen va dans les Ă©gouts de la ville? Ils font une incision ici [elle pointe un endroit prĂ©cis sur sa gorge] pour avoir accĂšs Ă la veine jugulaire, et font entrer le formaldĂ©hyde, qui pousse le sang hors de lâorganisme⊠Bon, on commande? » Lâami Patrice Tout en Ă©tudiant le menu, elle jette un Ćil sur son cellulaire oĂč entrent des messages qui lâamusent. Excuse-moi, câest Patrice. » Patrice Robitaille et elle ont rendez-vous cette semaine-lĂ pour le dĂ©but du tournage de la troisiĂšme saison de Victor Lessard Club Illico. On se connaĂźt depuis 20 ans, on est sortis de lâĂ©cole de théùtre en mĂȘme temps, en 1998. Câest mon ami, mon Patou. » Câest aussi un acteur avec qui Julie a souvent partagĂ© lâĂ©cran. Dans le film Quand lâamour se creuse un trou, premiĂšre Ćuvre du rĂ©alisateur Ara Ball, sur les Ă©crans lâĂ©tĂ© dernier, Julie et Patrice incarnaient un couple, et il y avait une scĂšne de lit. Oh, rien dâolĂ© olĂ©, mais sa seule Ă©vocation met le feu aux joues dĂ©jĂ naturellement rosies de Julie. CâĂ©tait assez gĂȘnant, et bizarre, dâaller dans ces zones-lĂ avec lui. JâĂ©tais stressĂ©e. » Patrice me confirmera quelques semaines plus tard quâil nâĂ©tait pas moins tendu que sa partenaire de jeu Je suis rarement Ă lâaise dans ce genre de situation. Il y a beaucoup de choses Ă gĂ©rer, entre autres le fait quâon se connaisse et quâon soit amis. Je nâai pas lâhabitude dâĂȘtre nu avec mes amis. » Mais, ajoute-t-il fiĂšrement, on a Ă©tĂ© des professionnels jusquâau bout ». Un contre-emploi bienvenu Dans Victor Lessard, populaire sĂ©rie policiĂšre tirĂ©e des romans de Martin Michaud, ils forment lĂ encore un tandem dĂ©tonnant, mais sexuellement incompatible. Patrice incarne Victor, sergent-enquĂȘteur, et Julie se glisse dans la peau de Jacinthe Taillon, sa coĂ©quipiĂšre lesbienne. Elle est dĂ©crite en ces mots par le romancier gros doigts boudinĂ©s, carcasse monolithique, traits mous, cheveux coupĂ©s court, bourrelets visibles ». Il faut faire un Ă©norme effort dâimagination pour superposer lâimage de Julie Le Breton Ă cette description peu flatteuse. Et pourtant⊠On ne cache pas mes cernes et, des fois, on en ajoute. Jâai les cheveux foncĂ©s, tirĂ©s et aplatis comme un casque de bain, pas de rouge Ă lĂšvres ni mascara⊠» Patrice nâest pas surpris quâelle soit crĂ©dible dans les souliers de Jacinthe. Mon Ă©tonnement est plutĂŽt dirigĂ© vers ceux qui ont eu lâaudace de lui proposer ce rĂŽle. Elle est rendue Ă un niveau dans sa carriĂšre oĂč on veut avoir Julie Le Breton pour plein dâaffaires, et mĂȘme pour un contre-emploi. » Sâenlaidir ne lui inflige aucune blessure dâego. Jâai trouvĂ© ça plus libĂ©rateur quâautre chose, assure-t-elle en dĂ©coupant son bagel au saumon fumĂ©. Quand tu joues une fille sĂ©duisante, et je lâai beaucoup fait, Ă la longue, ça devient fatigant. En Jacinthe, je suis assise tout croche, les jambes Ă©cartĂ©es, et si mon bourrelet dĂ©passe, câest tant mieux. » Tout de mĂȘme, pour plusieurs, Julie Le Breton est lâincarnation mĂȘme de la fĂ©minité⊠Mon Dieu, pas quand on me connaĂźt! Jâai une Ă©nergie masculine, avec un humour trĂšs grossier, capable dâĂȘtre one of the boys. Je ne tripe pas sur le maquillage, je ne mâachĂšte pas de linge, je ne vais pas chez la manucure. Jâai de la misĂšre Ă me faire faire un facial, je trouve que câest beaucoup dâinvestissement sur soi. » Photo AndrĂ©anne Gauthier Belle-mĂšre Ă©panouie Deux fois dĂ©jĂ , je lâai interviewĂ©e. Notre derniĂšre rencontre remonte Ă cinq ans. La Julie de 2014 Ă©tait fĂ©brile, sur ses gardes, fatiguĂ©e aussi. Elle avait parlĂ© de dĂ©sir de maternitĂ© et dâessais infructueux. Ce sujet sensible, la Julie de 2019, calme, quasi zen, lâaborde dâemblĂ©e. Câest terminĂ©, derriĂšre moi. Quelle dĂ©livrance! Toute la pĂ©riode oĂč jâai tentĂ© de tomber enceinte, jâavais lâimpression dâattendre que quelque chose se passe. Jâai fait tous les cycles, des annĂ©es de tests violents, douloureux, intrusifs⊠Mon couple nây a pas survĂ©cu. » Sa voix, claire, forte, porte si bien que les convives trois tables plus loin tendent lâoreille. Oui, je peux ĂȘtre une personne Ă©panouie, qui comprend lâamour et lâhumanitĂ©, mĂȘme si je ne suis pas une mĂšre. Jâai eu une Ă©cĆurantite aiguĂ« de la pression sociale, comme si on Ă©tait une sous-femme si on ne donne pas la vie. Je trouve que les gens manquent dâempathie. » Ă lâautomne 2014, pendant le tournage du film Paul Ă QuĂ©bec, sa route a croisĂ© celle de Guillaume Parisien, assistant Ă la camĂ©ra. Du coup, la cĂ©libataire de 39 ans qui rĂȘvait dâĂȘtre maman est devenue la belle-mĂšre de trois enfants. Ils ont maintenant 13, 16 et 20 ans. De beaux jeunes de qui jâapprends plein dâaffaires. Quand ils sont chez nous, jâessaie de crĂ©er un espace oĂč mon chum peut ĂȘtre un papa. Mon rĂŽle, câest dâĂȘtre un soutien, une amie. » Pas toujours facile, la coparentalitĂ©. Chacun ou chacune doit la redĂ©finir et la rĂ©inventer, parce quâil nây a rien dâĂ©tabli. » Avec Guillaume Ă son bras, Julie foule les tapis rouges, une nouveautĂ© pour la comĂ©dienne, connue pour sa discrĂ©tion. LâĂ©talage de vie privĂ©e devrait sâarrĂȘter lĂ . Pas pour elle, le dĂ©ballage public de ses Ă©motions ou le jeu des confidences trĂšs prĂ©sents dans les Ă©missions de tĂ©lĂ©. Je nâai pas la nostalgie de mon passĂ©, je ne veux pas revoir mon prof de cinquiĂšme annĂ©e, ni le premier gars que jâai frenchĂ©. » Une grande part dâelle ne sera toujours visible que pour ses intimes. Peu nombreux, mĂȘme si tout le monde craque pour elle », dit la comĂ©dienne Anick Lemay, qui fait partie de ce cercle restreint. Julie est presque ma sĆur. » Elles sont aussi voisines. Et se sont beaucoup vues quand Anick a appris quâelle Ă©tait atteinte dâun cancer et aprĂšs, pendant les traitements. Julie a vĂ©cu avec moi la grande chimio, quatre heures et demie dâinjection. Comme câest lâamie la plus conne que jâai, elle mâa beaucoup fait rire et a transformĂ© ce moment en quelque chose de lumineux. » Mais câest aussi une fille qui doute beaucoup, selon Anick, soucieuse de ne pas en dire trop. Elle se sent comme une pâtite crotte de temps en temps et angoisse, roulĂ©e en boule dans son salon. Câest ce qui la rend si attachante. Elle pourrait avoir la grosse tĂȘte⊠» Et Patrice Robitaille de renchĂ©rir Quand tu la connais, tu te rends compte quâon ne naĂźt pas tous Ă©gaux. Elle a tout pour elle. Julie est irrĂ©sistible, sans chercher Ă lâĂȘtre. » Lui-mĂȘme, au temps de leur folle jeunesse, a succombĂ© Ă lâeffet Le Breton. JâĂ©prouvais des choses pour Julie⊠Le timing nâa jamais Ă©tĂ© au rendez-vous. Câest mieux ainsi, on est restĂ©s des amis. » ĂgalitĂ© svp Aujourdâhui, sa carriĂšre est au zĂ©nith. Julie accumule les trophĂ©es trois GĂ©meaux, deux Artis, mĂȘme un GĂ©nie, reçu Ă Toronto pour le film Maurice Richard. ChoyĂ©e, cĂ©lĂ©brĂ©e, hyper sollicitĂ©e, Julie peut dĂ©sormais exiger un cachet en consĂ©quence. Avec une certaine surprise, elle a constatĂ© que ce nâĂ©tait pas gagnĂ© dâavance. Je me bats pour ĂȘtre payĂ©e autant que mes collĂšgues masculins Ă notoriĂ©tĂ© Ă©gale. » Le ton est posĂ©, pas revanchard. Des fois, ça fonctionne, des fois, non. Et câest non pour plein de raisons bizarres. On mâa dĂ©jĂ dit âMais lui, il est tellement apprĂ©ciĂ© du publicâŠâ Tu veux savoir le pire? Ce sont souvent des femmes qui nĂ©gocient du cĂŽtĂ© adverse, et ça me met en beau fusil. » Elle prend une derniĂšre bouchĂ©e de bagel et sourit. CâĂ©tait mon Ă©ditorial! » YĂ©, câest lâĂ©tĂ©! Des vacances, je ne pense pas que je vais pouvoir en prendre. Ă lâheure oĂč on se parle, mes deux derniĂšres de juin sont libres. En juillet, câest Les pays dâen haut. AprĂšs, câest le gros projet tĂ©lĂ© dont je ne peux rien dire pour le moment. Jâaimerais aller aux Ăles-de-la-Madeleine, mon endroit de ressourcement ultime. Ce sera la pĂ©riode du homard, il fera encore frais⊠Je suis nĂ©e Ă Arvida, au Saguenay, jâai grandi en Suisse et aux ĂtatsâUnis, lĂ oĂč mon pĂšre, cadre chez Alcan, Ă©tait en poste, mais ma famille vient des Ăles. On y a une maison sur la plage, ma grand-mĂšre y habite toujours, jâai aussi des tantes et des oncles madelinots. Le vent qui souffle, le bruit de la mer qui couvre tout⊠Câest reposant pour quelquâun comme moi, qui fait un peu dâanxiĂ©tĂ© et dont la tĂȘte âspinneâ beaucoup. Je vais enfin pouvoir me dĂ©tendre, observer le ciel et les nuages⊠Et jâai envie de voir ma chienne AdĂšle courir dans le sable et triper â câest une griffon, tellement belle, tout hirsute, que jâaime dâamour. Quand jâarrive chez moi, elle me regarde comme si jâĂ©tais une merveille! » OĂč on la verra La nuit oĂč Laurier Gaudreault sâest rĂ©veillĂ©. Au TNM, du Du 22 au 31 octobre 2020. Victor Lessard La troisiĂšme saison dĂ©bute dĂšs lâautomne, sur Club Illico. Tu te souviendras de moi Film dâĂric Tessier, dâaprĂšs la piĂšce de théùtre du mĂȘme titre. Avec RĂ©my Girard et France Castel, qui incarnent ses parents. Date de sortie encore inconnue. Les pays dâen haut La cinquiĂšme et derniĂšre saison sera diffusĂ©e Ă lâhiver 2020, sur ICI Radio-Canada TĂ©lĂ©. Ă lire aussi Julie Le Breton les coulisses de notre sĂ©ance photo
Jai trop peur est une piĂšce de théùtre dont le personnage principal, Moi, est un jeune garçon qui va quitter l'Ă©cole primaire pour entrer en sixiĂšme. Voici le dĂ©but de la piĂšce. Le personnage est seul en scĂšne. J moins soixante Moi. â C'est le dernier jour de classe. Quand la cloche sonnera, dans une heure, on sera en vacances. Les
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Maisvers la fin il y a eu des danses et ça c'était le moment que j'ai le plus aimé. Il y avait des danses turques et espagnoles. C'était plutÎt drÎle. Le moment que j'ai beaucoup aimé c'est quand la fille et le Turc se marient et que tout le monde était amoureux dans la piÚce ! Nassima » « J'ai adoré cette piÚce. J'ai trouvé ça
Situation Cette scĂšne est la derniĂšre de la piĂšce, tous les personnages sây trouvent. Dans la scĂšne prĂ©cĂ©dente, Carle annonce la mort imminente de Scapin, un marteau⊠lui a brisĂ© lâos » câest un hommage Ă Cyrano de Bergerac, mort de cette façon, et Ă qui MoliĂšre doit la fameuse rĂ©plique que diable allait-il faire dans cette galĂšre » et dit que Scapin, avant de mourir, veut parler Ă GĂ©ronte et Ă Argante. Cette scĂšne correspond Ă une attente attente dâun nouveau tour de Scapin, qui avait dit Laisse-moi faire, je trouverai moyen dâapaiser leur courroux » III, 8 IntĂ©rĂȘt Câest la derniĂšre scĂšne, donc il faut la justifier comme telle câest-Ă -dire montrer comment elle poursuit le propos initial les fourberies de Scapin, prĂ©cisĂ©ment tout en y mettant un terme. Or, ce que nous constatons ici, câest que nous sommes devant une nouvelle comĂ©die » de Scapin et que la scĂšne sâouvre sur une autre scĂšne dans laquelle Scapin et GĂ©ronte sont les acteurs, et le reste des personnages, des spectateurs. Tout cela assaisonnĂ© dâun comique de situation et dâun comique verbal qui amĂšne en dĂ©finitive au triomphe de Scapin cf. lâusage Ă la fin de la piĂšce de le porter en triomphe. Mouvement La scĂšne est bĂątie sur un schĂ©ma ternaire une demande de pardon, une discussion avec une coda » une fausse fin suivie dâune reprise et enfin un accord gĂ©nĂ©ral comme doivent finir toutes les comĂ©dies. Premier mouvement LâentrĂ©e de Scapin est une vĂ©ritable mise en scĂšne quâil faudrait souligner. La didascalie deux hommes qui portent Scapin, la tĂȘte entourĂ©e de linges invite Ă une entrĂ©e trĂšs remarquĂ©e qui dĂ©jĂ fait naĂźtre ce comique visuel du dĂ©guisement. Scapin joue ici son dernier rĂŽle le personnage dâun mourant, qui va bientĂŽt disparaĂźtre. Et de fait, son existence sâarrĂȘtera, comme celle des autres personnages, Ă la fin de la scĂšne Quâon me porte au bout de la table en attendant que je meure », qui est en mĂȘme temps quâune plaisanterie de Scapin sur le personnage quâil vient de jouer, un clin dâĆil de MoliĂšre sur son personnage qui va disparaĂźtre au baisser de rideau. Une tirade entrecoupĂ©e dâexclamations, censĂ©es reproduire la douleur, non sans mĂ©priser le style oratoire de la supplique remplie dâhumilitĂ© Avant que de rendre mon dernier soupir⊠je vous conjure de tout mon cĆur⊠». Il sâagit dâĂ©mouvoir pour obtenir le pardon. DeuxiĂšme mouvement Les deux interlocuteurs les deux pĂšres, dindons de la farce » ne rĂ©agissent pas de la mĂȘme façon Argante qui nâavait pas Ă©tĂ© battu pardonne. Quant Ă GĂ©ronte faut-il voir un silence rĂ©probateur quand il laisse parler Argante et Scapin sans intervenir ?, il en a gros ⊠sur le dos. Donc va sâinstaurer un dialogue qui repose sur un double comique un comique de situation et un comique verbal un vieillard, battu, ne veut pas quon le sache, par crainte du ridicule. Ici MoliĂšre a exploitĂ© au maximum le thĂšme farcesque du vieillard battu on a assistĂ© une premiĂšre fois Ă la scĂšne quand il recevait ces coups de bĂąton, puis on a entendu le rĂ©cit de la scĂšne de la bouche de Zerbinette, et enfin on entend le rappel de la scĂšne par Scapin, qui fait Ă chaque rĂ©plique revient sur les fameux coups de bĂąton, et la scĂšne dĂ©bouche alors sur un comique verbal qui dĂ©veloppe une situation dont le mĂ©canisme est lâinversion des rĂŽles ce nâest pas Scapin qui demande grĂące, mais câest GĂ©ronte qui le supplie de se taire, et lâhumilitĂ© et les remords - feints de Scapin sont une torture supplĂ©mentaire infligĂ©e Ă GĂ©ronte qui, devant le chantage de Scapin, demandera grĂące. Dans ce sens, la scĂšne est bien en continuitĂ© avec le reste de la piĂšce se moquer des vieux barbons. Notons que cette comĂ©die » de Scapin doit absolument se faire en prĂ©sence de tous les autres personnages, qui conditionnent lâattitude de GĂ©ronte ; ainsi se justifie que dans une scĂšne qui rĂ©unit tut le monde, seuls parlent sauf les deux rĂ©pliques dâArgante deux personnages ce quâils se disent est dit pour ĂȘtre entendu par les autres, et justifie dâailleurs le principe mĂȘme du théùtre oĂč tout dialogue a toujours une double destination lâune sâadresse Ă lâinterlocuteur, et lâautre au public. Le comique du dialogue est simple lâun cherche Ă parler des coups de bĂąton, et lâautre cherche Ă le faire taire, mais câest le caractĂšre rĂ©pĂ©titif du procĂ©dĂ© qui crĂ©e le comique, et ces coups de bĂąton que GĂ©ronte voulait tenir secrets rĂ©apparaissent Ă cinq reprises dans le dialogue. Et une sĂ©rie dâimplicites vient alors Ă©toffer le sens premier du dialogue en apparence Scapin dit pardonnez-moi, mais en rĂ©alitĂ©... si vous ne me pardonnez pas, je vais tout dire ! », quant Ă GĂ©ronte, en apparence, il dit je te pardonne », mais en rĂ©alitĂ© câest pour que Scapin se taise et par e quâil sait quâil va par sa mort se taire dĂ©finitivement. Câest ce qui explique du reste la rĂ©plique sur laquelle on reviendra je te pardonne Ă la charge que tu mourras » et qui dĂ©voile naĂŻvement lâarriĂšre-pensĂ©e de GĂ©ronte je te pardonne parce que je sais que si tu meurs tu ne pourras pas parler. Câest Scapin qui, bien que constamment interrompu, mĂšne le jeu ses rĂ©pliques sont plus longues, et sâil reprend Ă cinq reprises lâallusion aux coups de bĂąton, dont une fois en tĂȘte de phrase, en position de sujet, donc le plus visible ! il lâassocie Ă chaque fois Ă des remords hyperboliques le plus offensĂ© par⊠tĂ©mĂ©ritĂ© bien grande que⊠douleur inconcevable⊠». Et prĂ©cisĂ©ment le comique repose sur la volontĂ© quâa GĂ©ronte dâempĂȘcher Scapin de nommer le destinataire des coups de bĂąton, donc de dissocier le je » du vous » objet de son action. GĂ©ronte est de plus en plus irritĂ© cf. les rĂ©pĂ©titions tais-toi⊠tais-toi, te dis-je⊠jusquâĂ la rĂ©plique Ne parlons plus de rien, je te pardonne tout », quâattendait Scapin. Ce que GĂ©ronte ne voit pas, câest que, encore une fois, Scapin se joue de lui cet excĂšs de scrupules est en mĂȘme temps une astuce pour ĂȘtre pardonnĂ© mais aussi un ultime coup de bĂąton, symbolique, cette fois, Ă GĂ©ronte. DâoĂč la surprise, pour GĂ©ronte, dâentendre Scapin sâexclamer Ah ! monsieur, je me sens tout soulagĂ© depuis cette parole ; » quâil faut entendre dans les deux sens celui quâentend GĂ©ronte, soulagĂ© » des remords quâil avait pour lâavoir frappĂ©, celui quâil comprend un peu tard soulagĂ© = je vais mieux ! je ne meurs pas ! » et la bĂȘtise de GĂ©ronte donne un nouveau dĂ©part Ă la scĂšne car ses deux rĂ©pliques je te pardonne Ă charge que tu mourras » et je me dĂ©dis de ma parole si tu en rĂ©chappes », qui disent une mĂȘme incongruitĂ© sur des modes opposĂ©s je te pardonne / je me dĂ©dis montrent la naĂŻvetĂ© mesquine du personnage et la rĂ©elle cause de son pardon. Donc on entend de nouveaux gĂ©missements comique de rĂ©pĂ©tition mĂ©canique Scapin gĂ©mit et feint de mourir pour obtenir le pardon et la scĂšne se rĂ©pĂšterait infiniment si Argante nây mettait un terme. Accord final Argante effectivement propose un pardon sans condition » pour GĂ©ronte, le pardon dĂ©pendait de la condition » quâil avait formulĂ©e si tu en rĂ©chappes », et tout Ă nouveau rentre dans lâordre, au milieu de la joie. Le Allons » conclusif signale que tous vont se retrouver autour dâune table. Conclusion Cette scĂšne est donc une scĂšne de dĂ©nouement, puisque on pardonne tout Ă Scapin Ă lâinverse des autres scĂšnes mais elle est aussi la derniĂšre comĂ©die que donne Scapin, qui trouve le moyen et la ruse non seulement de se faire pardonner mais de rosser de coups de bĂąton, cette fois purement verbaux, ce pauvre GĂ©ronte. Donc il se fait pardonner parce quâil joue encore un tour ce nâest pas quâil renonce Ă ses ruses, mais câest au contraire parce quâil reste fidĂšle Ă lui-mĂȘme. En ce sens cette scĂšne sâinscrit bien dans le fil de lâĆuvre jusquâau bout, Scapin aura Ă©tĂ© le metteur en scĂšne de ses capacitĂ©s de comĂ©dien.
Jeudi14 mars Ă 20 h 30, Virginie Hocq et Zinedine Soualem seront au théùtre du Casino Grand Cercle dâAix-les-Bains pour prĂ©senter la piĂšce de théùtre de Emmanuel Robert-Espalieu, mise en
Une journĂ©e pour dĂ©couvrir et apprĂ©cier đ Cette journĂ©e toute particuliĂšre existe depuis 1961 grĂące Ă lâInstitut Internationale du Théùtre. Elle cĂ©lĂšbre et partage les valeurs et lâimportance du théùtre sous toutes ses formes. Chaque annĂ©e une personnalitĂ© porte un message qui sera traduit en 50 langues pour ĂȘtre partagĂ© et diffusĂ© Ă travers le monde. Câest la journĂ©e idĂ©ale pour se faire un petit plaisir aller voir une piĂšce de théùtre, se remĂ©morer les cours de théùtre de notre jeunesse ou encore pour faire dĂ©couvrir cet univers aux enfants đ tous Quelle est la derniĂšre piĂšce de théùtre que vous ĂȘtes allĂ©s voir ?
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c était quand la derniÚre fois piÚce de théùtre